Les 13 ex-collaborateurs de la Maison de l'Emploi de Perpignan se sont-ils vus proposer une "offre raisonnable d'emploi" ?
Ce 1er trimestre 2008 les créations d’emploi ont été trois fois moins nombreuses qu’au premier trimestre 2007. Selon l’INSEE, le nombre de chômeurs inscrits à l’ANPE est en augmentation de 8000 personnes.
La pyramide des âges explique largement cette baisse statistique du chômage en France. 734 000 personnes ont fait valoir leur droit à la retraite en 2007 contre moins de 600 000 en 2006.
Le nombre de retraités augmente, le nombre de chômeurs aussi … mais les statistiques du chômage baissent !
De plus, on peut se demander si la pression exercée sur les chômeurs n’a pas un impact sur l'inscription des demandeurs d'emploi.
Dans notre région, et dans le sud de la France globalement, le nombre de créations d'entreprises dans les secteurs du bâtiment (sous traitance de grands groupes), des services à la personne et services aux entreprises est positifs. Avec trois bémols cependant:
- beaucoup de ces entreprises ont une durée de vie courte
- les emplois créés sont souvent des emplois précaires (saisonniers, Intérim, CDD)
- les contrats aidés représentent une bonne part des emplois créés (privés et publics).
Tous secteurs confondus, une offre sur deux de l'ANPE est un emploi précaire.
C’est dans ce contexte de moindre qualité des emplois proposés que le gouvernement a déposé un projet de loi organisant un nouveau système de sanctions à l’encontre des demandeurs d’emploi qui refuseraient une « offre valable d’emploi ».
Le but de la manœuvre, réduire le niveau d’exigence des chômeurs au fil du temps:
> durant les 3 premiers mois : le demandeur est en droit de n’accepter que des emplois s’inscrivant dans son projet professionnel, rémunérés au niveau de son salaire antérieur, situés à proximité.
> durant les 3 mois suivants : le demandeur est tenu d’accepter tout emploi « compatible » avec ses qualifications, dans la même zone géographique, rémunéré au moins à 95% du salaire antérieur.
> après 6 mois, le demandeur doit accepter toute offre compatible, rémunérée à 85% du salaire antérieur, dans un rayon de 2 heures de temps de transport quotidien.
> au-delà d’1 an, l’exigence de rémunération est ramenée au niveau de l’allocation chômage, soit 57,4% du salaire antérieur.
La réforme vise bien sûr à diminuer les dépenses de l’assurance chômage. Mais plus idéologique encore, elle vise à augmenter le niveau de main d’œuvre disponible à moindre coût.
Pour le gouvernement UMP, la baisse notable des salaires attendue devient facteur de compétitivité des entreprises françaises.
Au final, le demandeur d’emploi est une variable d’ajustement de l’économie française et c’est sur lui seul que pèse la responsabilité de sa réinsertion professionnelle ! Nous sommes loin du modèle danois qui n’a pas eu besoin d’inscrire dans le code du travail « l’offre raisonnable d’emploi » pour rééquilibrer son marché de l’emploi.
Qu’on se rassure, les demandeurs qui n’accèderont qu’à des emplois mal rémunérés pourront prétendre, à terme, au RSA !
Merci Monsieur Sarkozy. Merci Monsieur Alduy. Comme disait l’autre, les promesses électorales n’engagent que celui qui les écoute. Le fameux «travailler plus pour gagner plus» devient pour de nombreux demandeurs d’emploi un «travailler plus pour gagner moins» ?
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