photo Stefan Banz - Halle au poisson 2002
QUELQUES REMARQUES SUR LA SITUATION ACTUELLE DE L'ECOLE D'ART ET LES DEMANDES DE SUBVENTION PORTÉES A L'ORDRE DU JOUR DU CONSEIL MUNICIPAL DU 5 FEVRIER 2009
Intervention de Katia MINGO (Les Verts)
NOUS NE COMPRENONS PAS:
Cette école a été récemment présentée dans la presse locale et dans le magazine de la majorité municipale Perpignan mag comme « un nouveau pôle d'excellence » (sic)
« une histoire d'amour serait née entre la ville et l'école » selon une déclaration de Maurice Halimi.
Elle mettrait en oeuvre un projet de « master » diplômant, dont la faisabilité, compte tenu des remaniements des enseignements artistiques ne semble pas encore acquise.
OR:
Des étudiants qui y sont inscrits et que nous avons rencontrés se sont plaint d'être moins de 10 à la fréquenter de façon régulière et active, alors qu'en revanche un nombre indéfini de personnes issues d'une catégorie appelée traditionnellement « les amateurs », et qui ne prétendent donc pas à un quelconque diplôme, la fréquente et rejoignent les groupes de travail qui du coup deviennent disparates, sans aucune communauté ni de niveau ni d'objectif.
Ces mêmes étudiants regrettent (alors que pour certains , c'est ce qui justifiait le choix de Perpignan comme lieu de formation) d'avoir vu disparaître les deux programmes centraux, qui témoignaient de la particularité et de la légitimité de cet établissement à développer un travail innovant sur la question de la transmission et de la pédagogie.
C'est pourtant cet axe central qui avait été retenu lors des discussions avec le Ministère de la Culture sur le futur de l'école, après que la mairie ait manifesté le désir de la fermer en 2006
Le « ninESAdrome », reconnu comme programme pilote par le ministère de la culture il y a quelques années, en faveur des scolaires, exercé en temps scolaire, qui permettait de développer des projets inédits en terme de sensibilisation à l'art contemporain , et, tout en développant les relations avec les écoles et l'éducation nationale, d'offrir aux étudiants la possibilité de se former à la transmission, n'existe plus aujourd'hui.
Le programme « art à l'hôpital », reconnu depuis 5 ans au niveau des instances régionales et nationales comme projet novateur, sans cesse renouvelé et pourtant pérenne, avec une visibilité incontestable et qui permettait de développer des actions avec des artistes reconnus et là encore une formation unique pour des étudiants, a également disparu.
Ces deux programmes sont supprimés (reste les cours du mercredi avec les enfants, certes de qualité) alors qu'ils permettaient de développer des liens avec les institutions et d'agir au plus proche de la population.
NOUS NE COMPRENONS PAS ce qui justifie cette demande de financement à la DRAC, au CR, au CG, alors que l'existant a été totalement réduit et orienté principalement vers des actions en faveur d'un pôle muséal dont nous continuons de tout ignorer.
Le sens de notre intervention lors du dernier conseil municipal était de désigner l'hypocrisie de l'équipe municipale en place : comment se gargariser de l'existence d'un « nouveau pôle d'excellence » et dans le même temps ne pas accorder de nouveaux moyens à cette école qui en manquait jusqu'alors?
Nous avons toujours défendu le maintien de ce lieu d'enseignement et de recherche, qui contribue à l'enrichissement culturel de notre ville, en favorisant, j'en suis bien d'accord avec vous, les rencontres entre une pluralité de personnes, ce qui a toujours été soutenu par ses programmes et son fonctionnement.
Il ne s'agissait donc pas de critiquer défavorablement les efforts de l'actuelle école à dispenser un enseignement à une diversité de personnes mais de pointer la fausseté des élus qui sollicitent des subventions auprès des pouvoirs publics au titre d'un projet qui n'est pas encore fonctionnel, compte tenu du désengagement réel de la ville.
En effet, prétendre à une subvention au titre de l'enseignement supérieur, alors que l'institution de tutelle, le ministère de la culture, demande une révision du livret de l'étudiant et s'évertue par ailleurs à revoir le statut des écoles d'art dans le contexte complexe de la restructuration des enseignements supérieurs et d'une forte diminution des budgets consentis par l'état, relève de l'hypocrisie. Solliciter le soutien financier des collectivités territoriales qui ont déjà fait savoir, lors des discussions qui ont suivi la décision de fermeture de l'école par le maire en 2006, qu'elles ne participeraient pas, tient également d'une incontestable duplicité .
Nous souhaitions donc interpeller M. l'adjoint à la culture sur la situation actuelle et les perspectives envisagées.
Comment aujourd'hui justifier ces demandes, alors que l'existant a été réduit, si ce n'est pour pouvoir, avec le cynisme que l'on connaît, déplorer plus tard des refus qui fourniront prétexte à la disparition pure et simple de l'école.
Rédigé par : Jean Codognès | 12 mars 2009 à 17:53
Je réagis à votre intervention du 7 février 2009 dans le blog de Jean Codognès, intitulé "Ecole d'art: un coeur sans vie"
Contrairement à ce que vous affirmez, suite à vos entretiens avec "Des étudiants qui y sont inscrits et que nous avons rencontrés" le nombre de personnes "issues d'une catégorie appelée traditionnellement "les amateurs" " est clairement défini au nombre de quatre, dont je fais partie. Je regrette que vous ne vous soyez pas donné la peine d'interroger les étudiants issus de cette catégorie, car vous auriez peut-être eu un son de cloche différent. En ce qui me concerne, je considère que ma licence de lettres et philosophie, acquise à l'université de Londres (témoignant d'une réelle interculturalité), ma fréquentation régulière d'écoles d'art, dans différents pays tout au long de ma vie, mon DESS d'urbanisme acquis à l'Université de Perpignan en Congé de Formation, ma participation active à la vie associative et politique, et enfin ma longue expérience professionnelle dans le secteur de la culture compensent largement une éventuelle disparité au sein de "groupes de travail qui du coup deviennent disparates, sans aucune communauté ni de niveau ni d'objectif". Il me semble au contraire que mon type de profil enrichit le groupe de travail en le diversifiant, et me qualifie largement pour une participation au Master Transmission et Document auquel j'ai postulé et au sein duquel j'ai été admise à la rentrée 2008, (et non un DNSEP - ce qui justifie sans doute la nouvelle appellation de "Haute Ecole d'ART - HEART - que vous semblez d'ailleurs ignorer). Que des incertitudes demeurent quant au devenir de ce diplôme - qui n'en est actuellement qu'au stade de "préfiguration" nous dit-on - ne retire rien au dynamisme de sa mise en oeuvre à travers les excellents workshops et conférences qui nous sont proposés depuis le début de l'année, et auxquels participent chaque fois un grand nombre de personnes. Si certains étudiants ne souhaitent pas y participer de crainte d'y côtoyer un public "issu d'une catégorie traditionnellement appelée "amateurs" relève au minimum du masochisme, car en définitive ils sont les seuls pénalisés, et au pire de la discrimination. La mixité sociale, culturelle et intergénérationnelle est un atout bien compris dans la plupart des Écoles d'Art dans le monde et accepté comme principe de base de "la formation tout au long de la vie - "Life Long Learning" - considéré dans tous les pays civilisé comme une avancée sociale caractérisée. Je m'étonne que l'élue verte que vous êtes n'intègre pas cette notion pour prendre la défense d'un établissement municipal qui se bat pour des valeurs démocratiques, mais au contraire cherche à lui refuser les moyens d'agir en faveur de l'épanouissement culturel de Perpignan, qui en a pourtant bien besoin.
Annie Adam, Perpignan le 11 mars 2009
Rédigé par : Annie Adam | 12 mars 2009 à 15:10